Lorsqu’en août 2014, le Président de la CCPF annonçait la fermeture immédiate de la piscine, seuls les désordres au niveau de la charpente étaient évoqués. On évoquait alors une fermeture de « quelques semaines voire quelques mois« . Cela fait maintenant 9 mois que la piscine est fermée et les travaux de remise en état ne permettront probablement pas une réouverture avant début 2016…
Dès le 2 août 2014, j’avais indiqué que des désordres avaient été repérés sur la piscine (au niveau des poteaux en béton, le détail a son importance) en 2013 et que ces travaux nécessitaient des réparations, mettant en doute le caractère « imprévu » de la fermeture de la piscine. Pendant de longs mois, les études faites en 2013 n’ont pas été communiqués aux élus (malgré les obligations légales).
Tout s’est emballé en mars 2015 lorsque le Président de la Communauté de Communes a annoncé, contrairement aux promesses de campagne faites aux bellifontains, une hausse d’impôts intercommunaux de +7% pour les particuliers et +4,1% pour les entreprises ; cette hausse était alors expliquée par le « caractère (supposément) imprévu » des travaux de la piscine et du manque à gagner correspondant. Le Président a alors créé une polémique, dénonçant toutes celles et tous ceux qui affirmaient que le besoin de travaux était connu avant les élections municipales, n’hésitant pas à menacer d’engager des poursuites judiciaires en diffamation…
La pression a continué de monter puisque d’anciens vice-présidents de la CCPF ont à leur tour affirmé publiquement la véracité des informations, qu’avec d’autres, je soulevais. Nouvelle fureur du Président, nouvelles menaces, nouvelles dénonciations contre des élus, d’anciens élus, la presse etc lors du Conseil Communautaire du 13 mai 2015.
« La meilleure défense c’est l’attaque » est un adage bien connu et dont certains maîtrisent les finesses. Sauf qu’à la suite du Conseil Communautaire du 13 mai 2015, le Président de la CCPF a été contraint (autrement la délibération sur la piscine aurait été illégale) de fournir les fameuses études réalisées sur les problèmes de la piscine.
Et là, comme le révèle la République de Seine et Marne de cette semaine, on s’aperçoit que les problèmes de la piscine ont été détectés… dès 2012, sans que le Conseil Communautaire ou le Conseil Municipal de Fontainebleau, n’aient été informés ! Pas moins de 7 rapports de cabinet d’études ont été réalisés sur la période 2012-2014.
Les problèmes datant de 2012 portaient sur les poteaux et dès 2013, il était démontré que des travaux étaient indispensables. En 2014, des problèmes sur la charpente sont venus s’ajouter et la piscine a été fermée dans la foulée. Autant dire que les menaces et autres polémiques ont fait plouf !
Conclusion : Dès août 2012, d’importants désordres sont détectés sur les poteaux en béton de la piscine. Des études complémentaires et des instruments de mesure sont mis en place pour déterminer le stade de dégradation.
Le besoin de travaux sur les poteaux en béton est pointé dans les conclusions du cabinet dès octobre 2013 pour résoudre un phénomène inexorable. Le cabinet pointe aussi à l’époque que les platines de fixations de la charpente (=poutres) sur les poteaux sont très corrodées.
En 2014, on observe des désordres sur les poutres : la fermeture de la piscine est décidée. Les études (8 septembre 2014) indiquent comme hypothèse « la conséquence de la mise en œuvre des capots métalliques (mis en place lors des travaux de 2010) qui a créé un espace confiné et non-ventilé autour des appuis des poutres« . Il y a donc maintenant un besoin de travaux également sur la charpente et les poutres.
Article de la République de Seine et Marne, 29 mai 2015
La vérité sur les travaux de la piscine
Des problèmes importants et « inexorables » avaient été détectés sur les poteaux en béton de la piscine avant les élections municipales, même si les études n’avaient jamais été rendues publiques. Alors que les impôts intercommunaux ont augmenté pour financer ce « chantier imprévu », Frédéric Valletoux s’est défendu devant les autres maires de l’interco. Voici ce que disent vraiment les fameuses études.
Le ton est grave, les mots choisis. Chahuté par l’opposition depuis que notre journal révélait que des problèmes sur la piscine de la Faisanderie avaient été détectés bien avant la fermeture à l’été 2014 (lire La République de Seine-et-Marne du 22 mars 2015, ndlr), le président de la communauté de communes Frédéric Valletoux a choisi le dernier conseil communautaire pour répliquer. Avec une ligne de conduite : la meilleure défense, c’est l’attaque.
Ainsi, lors d’une longue tirade, le président s’est appliqué à pointer du doigt tous ceux qui ont évoqué le problème : Jean-Pierre Le Poulain (ancien maire d’Avon), Jean-Christophe Laprée (ancien vice-président de la CCPF), Monique Fournier et Cédric Thoma (opposants) et même notre journal. « Il est temps de clarifier les choses, disait-il devant ses collègues. A Fontainebleau, il y en a qui ne vivent que de la polémique à l’infini ». Il se devait d’être convaincant : les quatre autres maires de l’interco ont accepté avec regrets d’augmenter les impôts, quitte à renoncer à leurs promesses de campagne, pour financer cette fameuse « dépense imprévue ».
Valletoux choqué par les « accusations »
Alors, à la façon d’une plaidoirie, M. Valletoux se disait injustement attaqué : « nous aurions dissimulé des informations sur l’état réel de la piscine. Je voudrais que l’on m’explique quelle information précise vous détenez pour porter de telles accusations ». Les « informations précises », justement, figurent dans les études que la communauté de communes a commandées en 2012 et 2013. Le sujet d’inquiétude : l’état des poteaux. Pour la première fois, le président était contraint lors du conseil communautaire de révéler l’existence de ces études, réalisées avant les municipales. Pour le président, « à aucun moment il est écrit qu’il fallait fermer la piscine. Le rapport sur les poteaux béton disait qu’il fallait faire un suivi ».
Tout est sans doute question d’interprétation. Nous nous sommes procuré les fameuses études et les conclusions sont plus nuancées (lire encadré) : dès 2012, le cabinet Althéa parlait de « pathologies » et de « mesures à court terme à prendre sur les poteaux ». En 2013, le problème s’aggrave. Le cabinet parle de « processus inexorable », précisant même « qu’un renforcement provisoire doit être mis en place rapidement ». Entre « mesures de suivi » et « renforcement », chacun pourra donner aux mots le sens qu’il souhaite. Mais il reste que le besoin de travaux, à court ou moyen terme, sur ces fameux poteaux était connu même si à ce stade il n’était nullement question de mise en danger des utilisateurs.
Un chantier à 2 millions
Des poteaux qui nécessitent des travaux, certes, mais c’est bien l’état de la charpente (et donc des poutres) qui a justifié la fermeture en urgence à l’été 2014. Il n’y aurait aucun lien de causalité entre les poteaux et les poutres selon le président de la communauté de communes, qui en a profité pour dire « qu’avant de jeter des accusations comme celles-ci, il faut prendre de la mesure et de la distance, que l’on ne fasse pas croire n’importe quoi ». Difficile, à ce stade de faire un lien clair de causalité entre l’état des poteaux connu de longue date et celui des poutres. Restent des éléments objectifs : l’étude du 8 septembre 2014 émet comme hypothèse que la mise en œuvre des capots métalliques en 2010 sur les poteaux a créé un espace « confiné et non-ventilé autour des appuis des poutres ». Deuxième élément : le devis pour les travaux à venir concerne pour moitié les poteaux en béton, et pour moitié les poutres, ce qui tend à prouver que les désordres révélés avant les municipales étaient tout aussi importants que ceux mis à jour à l’été 2014.
Cet énième épisode du feuilleton mouvementé de la piscine n’a rien d’anodin. Car les sommes en jeu sont importantes et ont de lourdes conséquences. Le projet de tennis couvert espéré par Bourron-Marlotte a été ajourné à cause de la piscine, par exemple. Et pour cause : le devis révélé lors du conseil communautaire s’élève à 1,65 million d’euros auxquels s’ajouteront très certainement une tranche conditionnelle de 260 000 € et 34 000 € de finition. Montant total de la facture : 1,94 million.
Rapport 2013 de la CC : tout baigne pour la piscine
183 656 entrées, des recettes de 524 373 €, 57,4 % des utilisateurs de la piscine appartenant à la communauté de communes : le rapport d’activité 2013 de la communauté de communes donne de nombreuses informations sur le bilan de la piscine en 2013 (à télécharger sur le site de la CC, onglet « publications » sur la page d’accueil). Pas un mot, en revanche, sur les fameuses études sur les désordres des poteaux. À noter que si Frédéric Valletoux a déclaré que les études de 2012 et 2013 étaient librement « consultables », ces dernières n’ont toujours pas été mises en ligne sur ce même site internet. De la même façon, nous n’avons trouvé dans les différentes lettres d’informations de la CC disponibles sur le site (la plus ancienne datant de janvier 2011) aucune mention des études sur la piscine.
Ce que disent les études
Voici quelques extraits des différentes études menées sur la piscine depuis 2012.
-> 10 octobre 2012 (étude Althéa)
« Une première observation des poteaux permet de relever les pathologies suivantes : un décollement rapide de l’enduit, une fissuration, voir une fracturation du béton, pouvant être importante, des traces d’écoulement de couleur rouille sur certains poteaux en face Sud. (.) Des mesures à court terme sont à prendre sur les poteaux : purge des enduits de parements et des granulats du béton, mise en place de filets à maille enserrant les têtes de poteaux, surveillance régulière (une fois par mois) sur l’état du béton de surface »
-> 3 octobre 2013 (étude Althéa, selon la synthèse de la SEDIM)
« – L’évolution de la dégradation du béton se poursuit plus ou moins rapidement selon les poteaux mais le processus semble inexorable
– Les platines de fixation de la charpente sur les poteaux sont très corrodées, des pertes de section sont visibles
– Les aciers à béton sont en cours de corrosion
– La tête du poteau P12 subit des contraintes mécaniques importantes et sa déformation s’accentue. Un renforcement provisoire, à base de profilés métalliques boulonnés par exemple, doit être mis en place rapidement »
-> 19 août 2014 (étude Véritas)
– « Au regard des éléments mis en évidence par le diagnostic, nous conseillons le remplacement complet de l’étanchéité.
-> 15 octobre 2014 (Estimation coûts des travaux, Véritas)
– Il apparaît nécessaire de procéder à des travaux de réparation à court terme (sur les poteaux, NDLR). Ces travaux concernent notamment la reprise traditionnelle des bétons et des armatures dégradées.
– Les poutres P3, P4 et P5 ne peuvent plus assurer leurs fonctions structurelles, ce qui ne leur permet plus de reprendre les charges appliquées.
– L’étanchéité du toit terrasse est en fin de vie »