Le Conseil Municipal du 1er juin 2015 devait émettre un avis sur le Programme Local de l’Habitat (PLH). Comme je l’ai déjà indiqué dans un précédent article, ce document d’urbanisme contraignant, qui s’impose au Plan d’Urbanisme Local, prévoit la construction de 1 080 logements neufs sur une période 6 ans sur le territoire de la Communauté de Communes (Fontainebleau, Avon, Bourron-Marlotte, Recloses, Samois sur Seine).
Fontainebleau porte 75% de la charge de nouveaux logements à construire dans les 6 ans, soit 800, et plus de 70% de la charge de nouveaux logements sociaux (alors que Fontainebleau est le meilleur élève de la CCPF avec 21% de logements sociaux). Est-ce normal que l’effort ne soit pas équitablement réparti entre les Communes et que les élus de la majorité bellifontaine approuvent et portent ce plan ? La plus grande disponibilité foncière à Fontainebleau est un argument qui ne tient pas : Avon a également des emprises foncières (tout comme Bourron-Marlotte) et dispose de m² disponibles pour des entreprises, là où n’en n’avons que très peu.
Nous avons toujours défendus le besoin prioritaire de remettre prioritairement les logements vacants sur le marché immobilier avant de construire des logements neufs. La vacance traduit une demande insuffisante (sinon les propriétaires vendraient des biens à rénover ou les loueraient) par rapport à l’offre. Ajouter de nouveaux logements (donc une nouvelle offre) alors que la demande ne suit pas, contribuera à faire chuter les prix de l’immobilier bellifontain.
La vacance : un problème typiquement bellifontain
Dans le dossier de présentation du PLH, il est d’ailleurs écrit « On considère classiquement qu’une vacance supérieure à 8% du parc de logements est préoccupante, et ce d’autant que le contexte de pression francilienne fait présager d’une demande importante par rapport à l’offre disponible. »
Fontainebleau est la seule commune de la CCPF impactée par la problématique de la vacance : le taux est de 7% à Recloses et Samois, 8% à Bourron et Avon et près de 15,4% à Fontainebleau. Le quotidien Le Monde a d’ailleurs consacré un long article sur les villes minées par les logements vacants et Fontainebleau arrive 2ème ex-aequo avec Agen au niveau national des villes pleines de logements vacants derrière Vichy…
On aurait donc pu légitimement s’attendre à un PLH portant des actions fortes et des objectifs ambitieux pour assainir la situation. Dire que nous avons été déçus est un euphémisme bien loin de la réalité ! Les objectifs de résorption des logements vacants sont de 13 logements vacants par an réhabilités pour l’ensemble de la Communauté de Communes et 11 par an sur la Ville de Fontainebleau !
Si tout l’effort portait sur Fontainebleau, il faudrait alors 130 ans pour éradiquer les logements vacants. Et ce en s’intéressant uniquement au stock de logements vacants et en considérant qu’à partir d’aujourd’hui, il n’y a plus de nouveaux logements vacants.
En 2006, le taux de vacance était de 11,6%, soit 1059 logements vacants d’après l’INSEE. 5 ans après toujours d’après l’INSEE), la vacance était de 15,4% avec 1 388 logements vacants (et jusqu’à 22,2% dans le centre-ville !). Chaque année sur la période – et on peut raisonnablement penser que la situation n’a pas évolué depuis – il y a donc 65 nouveaux logements vacants sur le marché bellifontain.
En plus de 1400 existants en 2011, 65 nouveaux logements vacants viennent s’ajouter sur notre parc immobilier chaque année. Pour enrayer cette tendance, le PLH se fixe pour objectif de diminuer le nombre de logements vacants de 11 par an à Fontainebleau. La vacance va donc continuer à prospérer dans notre commune, avec un rythme de 54 nouveaux logements vacants (65 nouveaux – 11 réhabilités) chaque année.
Si la tendance se poursuit, d’ici 2020, leur nombre frisera les 2 000 logements vacants et représentera 20,2% du parc résidentiel (détails du calcul ci-dessous).
Notre proposition est d’inverser les priorités : rénovons 800 logements vacants en 6 ans, par un système d’aides, d’obligations et en s’appuyant sur des promoteurs et bailleurs sociaux, et réduisons la construction de logements neufs à 200 comme la Ville d’Avon. C’est une manière de préserver les équilibres immobiliers de Fontainebleau tout en rénovant, en embellissant la cité impériale et en développant l’activité économique !
Calcul nombre de logements vacants en 2020 :
+ 65 nouveaux logements vacants par an depuis 2006 (soit 325 supplémentaires entre 2011 et 2015). + 54 nouveaux logements vacants de 2016 à 2020 (soit 270 supplémentaires).
Nombre de logements : 9040 + 800 (nouveaux logements prévus) = 9840 logements en 2020
Nombre de logements vacants : 1388 (2011) + 325 + 270 = 1 983
Taux de vacance en 2020 = 1 983 / 9 840 = 20,2%