La Ville de Fontainebleau compte 450 commerces : cafés, hôtels, restaurants, boutiques vestimentaires, alimentation ou autres ; à Fontainebleau, le commerce est une institution. Le commerce est également une chose fragile que les pouvoirs publics, à commencer par la Mairie, doivent soutenir. Ce soutien n’est pas nécessairement matériel, il peut aussi exister en facilitant les démarches administratives, en adoptant une stratégie claire en faveur du développement économique (Quel type de commerces souhaitons-nous ? Comment les favoriser ? Quelles règles mettre en place dans les droits d’occupation du domaine public ou les terrasses ? Quels événements pour dynamiser le centre-ville ?…) et en s’appuyant sur les propositions de leurs représentants.
Aujourd’hui, ces représentants, fédérés précédemment au sein de l’Union des Commerçants, n’existent plus. Cela ne semble pas avoir provoqué d’émotion particulière du côté de la Mairie de Fontainebleau, c’est dommage. Dommage car il n’existera plus d’interlocuteur pour faire le lien entre les commerçants et la Ville. Dommage également car les commerçants ne porteront plus d’actions visant à dynamiser le centre-ville comme à l’occasion des fêtes de Noël ou lors de la braderie. Dommage enfin car cette situation était évitable.
On s’en souvient, en 2013, les commerçants avaient exprimé leur opposition avant la démolition de la Halle et au déplacement pour plusieurs années du Marché de Fontainebleau. L’argument majeur avancé par l’Union était de bon sens : « en période de crise économique sans précédent, ne détruisons pas ce qui marche ». Après la 1ère tentative de démolition, le 5 mars 2013, les commerçants avait manifesté leur mécontentement devant la Mairie de Fontainebleau. La Halle a finalement été détruite quelques mois plus tard et le Marché déplacé : les commerces de la Place de l’Etape souffrent toujours de baisses de chiffre d’affaires, tout comme ceux de la Place de la République (les boucheries Bernard ont fermé, plusieurs employés d’autres commerces ont du être licenciés…). L’histoire aurait pu s’arrêter là.
Néanmoins, les représailles se sont poursuivies : dès 2013, lors du vote du budget, la majorité municipale décide de diviser la subvention de l’Union des Commerçants par 5. En 2010 et 2011, la subvention était de 22 300€, en 2012 de 21 600€. En 2013, elle fut de 4 000€ (le reste ne sera donné qu’une fois le Conseil d’administration renouvelé)… De la même manière, les commerçants adhérant à l’Union bénéficiaient auparavant d’un avantage important sur les tarifs de stationnement, fournissant ainsi une incitation à adhérer à l’association. La Ville, en choisissant Interparking comme nouveau délégataire, a mis fin à cet avantage financier réservé aux adhérents de l’Union des Commerçants, rendant beaucoup moins attractive l’adhésion à l’association.
L’association a en conséquence connu une crise, faute de moyens, qui s’est soldée par l’installation d’un nouveau Conseil d’Administration (juin 2013) plus conciliant à l’égard de la Mairie et résolument décidé à ne pas se mêler des affaires communales. Le déclin était enclenché. Un nouveau Conseil d’Administration est venu en remplacement du premier avec la même ligne de conduite. Les adhésions ont une nouvelle fois chuté jusqu’à ce que l’association ne puisse plus payer son unique salariée.
Et voilà comment une association centenaire disparaît de notre cité impériale…
Vous trouverez ci-dessous l’article de la République de Seine et Marne (14/05/2015) sur le sujet :
Fontainebleau n’a plus d’Union des commerçants
L’une des plus vieilles associations de Fontainebleau arrêtera ses activités en juillet : plombée par une chute de ses adhérents, l’Union des commerçants ferme boutique.
L’UCAIF, c’est fini. L’Union des Commerçants et Artisans de Fontainebleau va officiellement être mise en sommeil le 1er juillet. En cause, une chute spectaculaire de ses adhérents, le chiffre ayant plongé à 38 seulement, quand l’Union en comptait 150 il n’y a pas si longtemps. Officiellement, l’association n’est pas dissoute, mais va cesser toute activité, laissant l’employée de l’association depuis presque dix ans, Léa, sans emploi. « On n’a pas pu faire grand-chose, déplore t-elle. C’était l’une des premières associations de Fontainebleau puisqu’elle a 100 ans ».
Cette issue fatale était devenue inéluctable. Depuis la crise de 2013, où l’Union avait lutté politiquement contre la destruction de la halle, allant même jusqu’à manifester dans le hall de la mairie, les désaccords entre commerçants sur l’attitude à tenir avec la mairie ont sérieusement compliqué la tâche de l’association, qui a vu son nombre d’adhérents baisser. A deux reprises, de nouveaux bureaux ont tenté d’insuffler un nouvel élan en renonçant aux prises de position politiques. Marie-Odile Shorter, puis Pascal Olives, tour à tour présidents de l’Union, ont voulu mettre en avant le dynamisme des commerces de la commune tout en refusant de s’opposer à la mairie.
En décembre dernier, M. Olives nous confiait sa stratégie : « On doit défendre l’intérêt des commerçants de façon intelligente, mais on ne va pas de battre comme des chiffonniers. Même si on peut ne pas être d’accord, on se doit de positiver, de faire corps entre commerçants ». Un appel qui n’a pas vraiment été suivi, l’opération mise en place pour Noël (un tapis rouge et des branchages) ayant été suivie par une centaine de professionnels seulement sur 450.
Désormais, les commerçants de Fontainebleau sont donc sans association pour les défendre et faire naître des synergies. « Il n’y aura plus personne pour monter des actions, faire du terrain, déplore Léa. Ca va être encore plus dur pour les commerçants de Fontainebleau. Je remercie tous les commerçants qui nous ont fait confiance pendant toutes ces années ».
Des volontaires pour la relancer ?
L’ancienne adjointe au commerce, Paule Svatek, va encore plus loin : « C’est une catastrophe. Il y a 450 commerces à Fontainebleau, il faut les fédérer, qu’il y ait un interlocuteur pour pendre la température sur le terrain, plus aucune information ne va remonter. S’il n’y avait pas eu l’UCAIF, la ville n’aurait pas renoncé avec ses places de livraison instaurées partout en ville. On s’était mis autour d’une table et on avait réussi à trouver des solutions ».
Pour expliquer la baisse des cotisations, certains évoquent le nouveau contrat passé avec Interparking. Auparavant, les commerçants devaient passer par l’Union pour bénéficier de réductions sur les places de stationnement. « C’est vrai que l’offre d’Interparking (une réduction de 20 % NDLR) n’est pas suffisante pour inciter les commerçants à adhérer. Mais ce n’est pas une excuse, tempère Léa. Dans les autres villes, il n’y a pas d’avantages, et il y a des Unions des commerçants ».
L’association pourrait reprendre vie si un groupe de commerçants décidait de la relancer : « Il faudra quelqu’un de courageux qui accepte de repartir sans entrée d’argent. Mais ce n’est pas impossible », dit Paule Svatek. En attendant, les commerçants de Fontainebleau sont sans association. Une première depuis un siècle.
Sollicité, le maire de Fontainebleau Frédéric Valletoux a refusé de répondre à nos questions.
Ce matin à 8h30, je me suis posée le temps de mettre une lettre urgente à la Poste, en stationnement interdit mais non gênant. Le temps de me retourner, la police municipale était là, j’ai eu beau courir face à eux sur 50 mètres, ils ont verbalisé… et on ne peut prétendre ne pas voir quelqu’un qui court face à vous sur la rue, surtout quand on est policier! Je renonce donc à faire mes courses à Fontainebleau en dehors du pain quotidien, et tant pis pour les commerçants et la vie de la ville!
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