Le monde pourra-t-il sortir de la crise ?

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Cher tous,

Ces derniers mois ont vu la situation économique – déjà pas franchement formidable… – se dégrader à vitesse grand V. Rien de surprenant en soi : dans chaque crise au cours de l’Histoire, les événements non traités au démarrage s’aggrave à vitesse exponentielle. 2012 sera donc une année décisive sur bien des plans pour notre économie mondialisée… Quelques éléments de débat ci-dessous.

La situation européenne est-elle pire qu’ailleurs ?

Sur le plan des finances publiques, la zone euro et l’Europe de manière générale n’ont guère à rougir par rapport à leurs voisins. Là où les Etats-Unis cumule une dette publique de 100% du PIB avec des recettes fiscales fédérales d’environ 10% du PIB (NB : en clair, cela signifie que, comparée aux revenus annuels du pays, la dette est 10 fois supérieure), là où le Japon dépasse les 230% du PIB d’endettement, l’Union Européenne atteint 80% de dette publique et ses deux géants, France et Allemagne, respectivement 85% et 83% fin 2011. Comme quoi, tous les chantres de la vertu allemande devrait y regarder à deux fois pour comparer ce qui est difficilement comparable.

Difficilement comparable car la structure économique allemande est bien plus soumise à la conjoncture économique (car fortement dépendante des exportations) et donc aux situations économiques de ses voisins européens (avec qui plus de 50% de son commerce est réalisé). Ainsi, si la France va mal, l’Allemagne ira encore moins bien par ricochet…

Lorsqu’on évoque la crise de la dette de la zone euro, l’imaginaire populaire pense que c’est l’Europe et l’Europe seule qui est victime de son surendettement. En matière de vertu budgétaire, l’Europe est pourtant aussi mauvaise que ses petits camarades des pays développés. Seulement voilà, sa non capacité de coordination sur les actions à mener sur la monnaie commune, l’empêche d’agir efficacement, selon la lecture qu’en font les marchés. On entend souvent dire – comme j’ai pu entendre un de mes anciens professeurs d’économie le faire – que l’Europe n’a pas de crise de la dette souveraine mais davantage une crise de la gouvernance économique… Ce raccourci est bien court ; certes la zone euro pâtit de sa non gouvernance ; cependant, si les Etats n’étaient pas endettés, il est certain que les marchés ne prendraient pas la zone euro pour cible…

Quels risques et à quelles échéances ?

Le risque est tout simplement l’éclatement de la zone euro. Faute de pouvoir se mettre d’accord et d’agir fermement, les marchés continueront à attaquer les pays de la zone euro qui tombent comme des dominos, faute de pouvoir boucler leurs fins de mois avec des emprunts auprès des marchés. Après la Grèce, le Portgual, L’Irlande, c’est au tour de l’Italie et de l’Espagne d’être dans le collimateur. L’Italie doit donner un rendement de 7,16% pour des obligations d’Etat à 10 ans et l’Espagne de 6,31% (là où l’Allemagne donne 2,30% et les Etats-Unis 2,08%…).

Les intérêts des emprunts sont donc plus difficiles et coûteux à rembourser… tandis que les recettes fiscales des Etats diminuent et l’activité économique ralentit (les marchés demandent des plans de rigueur successifs pour assainir les finances publiques ce qui, en période de proche récession est contreproductif).

Pour la zone euro, l’équation est simple : si l’Italie ne peut plus se financer sur les marchés, la zone euro explose, l’Italie étant une économie trop importante pour être financée par les auteres Etats. Ajouté à cela, les Etats européens ont 800 Md€ de dettes à renouveler l’an prochain. Un véritable « mur de dettes » comme le titrait hier Les Echos.

Et la France dans tout cela ?

En France, la situation n’est guère plus réjouissante. Après deux – minis – plans de rigueur, le déficit du budget de l’Etat s’élèvera à 92 Md€ fin 2011 (pour des recettes fiscales de 250 Md€), l’économie entre dans une période de stagnation voire de récession. Dè qu’il s’agit de faire des économies, l’opposition socialiste et des membres de la majorité, refusent d’en faire davantage. Les dirigeants en place s’imaginent qu’avec une tapette à mouche vous allez pouvoir écraser un taureau qui charge…

Les sénateurs socialistes qui refusent le gel des dotations de l’Etats aux collectivités locales (dotations représentants 80 Md€ du budget de l’Etat, soit sa première dépense !) sont irresponsables. Les collectivités locales françaises vont, soit disant, bien ; oui, assurément, seulement si les dotations de l’Etat devaient demain disparaître ou être réduites drastiquement, bon nombre d’entre elles feraient faillite, purement et simplement.

Dans tous les cas, 2012 sera l’année décisive sur tous ces sujets…

Quelles solutions ?

De deux choses l’une, soit on reste dans le système monétaire, financier et institutionnel actuel, auquel cas, il faudra réduire drastiquement les dépenses, augmenter la compétitivité des entreprises et optimiser chaque euro dépensé. Il y aura donc des mesures sociales en recul, davantage d’impôts, un taux de chômage élevé. Une période extrêmement difficile à passer donc, qui doit être utilisée pour repenser notre mode de vie, notre « gouvernance économique », en profiter pour régler nos grandes réformes qui n’ont jamais pu être passées faute d’acceptation sociale par les citoyens…

Seconde option, la plus risquée car la moins prévisible. La zone euro explose, les anciennes monnaies sont réimprimées. Les pays subissent un contrecoup économique violent, avec une refonte des systèmes institutionnelles laissant la place à la solidarité locale. Dans ce scénario, le système politique et économique mondial (car l’effet domino jouera sur le monde entier) sera repensé entièrement… sauf que, pour l’heure, on part d’une page blanche, les théories politiques s’étant considérablement rarifiées depuis la fin du XIX siècle (où environ 150 théories existaient).

Pas très réjouissant tout ça. A force de tirer sur la corde, il ne faut pourtant pas s’étonner qu’il y ait des conséquences !

A suivre (en espérant me tromper…)