La crise, où s’arrêtera-t-elle ?

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Cher tous,

Aujourd’hui une séquence point de vue / analyse sur la crise et le chemin qu’elle prend ces derniers jours. Comme prévu, l’économie ne repart pas ; l’économie va même plutôt mal. Les récents développements sur les marchés financiers n’arrangeront rien.

Pourquoi ? Tout simplement parce que l’économie vit à crédit des marchés financiers.

Le cycle est « simple » : les investisseurs perdent confiance en un produit ou en une catégorie de produits financiers (les subprimes), la valeur nulle de ces produits fait couler certains établissements qui étaient en possession de ces actifs (Lehman Brothers, Bear & Stearns), les autres banques font de grosses pertes (RBS, Deutsche Bank..), les banques diminuent l’accès au crédit, les entreprises déjà affectées par une chute de leur vente ne peuvent plus emprunter pour se renflouer, les Etats mettent donc la main à la poche pour aider banques et entreprises à passer le cap tout en essayant d’atténuer les conséquences sociales, certains Etats s’endettent trop, les agences de notation dégradent la note de leur dette (Grèce, Portugal, Espagne), les marchés perdent confiance en ces Etats et les taux de marché montent, les dettes des Etats sont considérées comme spéculatives (Grèce), les Etats ne peuvent plus emprunter. Ca c’est la partie passée, deux ans d’histoire résumée en quelques étapes clés qui ne prétendent pas être exhaustives mais servent de base pour comprendre le reste de l’histoire ; car bien évidemment suite de l’histoire il y a…

La suite du « cycle » ça donne les étapes suivantes : les Etats ne pouvant plus emprunter font appel au FMI ou à l’UE, des sommes insuffisantes sont mobilisées et mettent en péril les finances des prêteurs, un Etat fait faillite, les actifs étrangers présents dans ce pays ne valent plus rien, des faillites de banques / d’entreprises étrangères affectent d’autres Etats, les Etats se trouvent à leur tour en situation difficile… bref, vous l’avez compris c’est l’effet domino des faillites des Etats.

Ces derniers jours, les agences de « rating » (S&P, Moody’s pour les plus célèbres) ont dégradé la note de la Grèce (entraînant l’impossibilité pour elle d’emprunter sur les marchés et activant ainsi les mécanismes d’aides UE / FMI), du Portugal et de l’Espagne. Les marchés financiers européens ont violemment réagi, accentuant la pression sur les Etats en question.

Se pose tout d’abord la question de la légitimité des agences de notation (américaines soit dit en passant) de faire la pluie et le beau temps sur les marchés : les mêmes agences qui attribuaient encore une note maximale à Enron juste avant sa faillite.

Outre ce fait, la véritable question concerne l’effet domino : les Etats européens ont tous des engagements financiers dans d’autres Etats membres et leur « exposition » est réelle. La France possède ainsi pour 50 milliards d’euros en Grèce (via ses filiales bancaires) contre 30 milliards pour l’Allemagne. La France est le pays le plus exposé dans les pays « à risque » de l’Union, les PIIGS : Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne (Spain). Pour faire simple, une faillite d’un des Etats nous affecte bien plus qu’à hauteur du prêt accordé en urgence (de l’ordre de 6 milliards d’euros à la Grèce je crois).

La solution ? Je ne la connais pas. Pour restaurer la confiance des marchés, il faut avoir des « fondamentaux » (=économie réelle) solide et réformer tous les domaines : fonctionnement de l’Etat, entreprises, ajustement de personnel… Je ne vous fais pas la liste complète mais vous aurez compris que ce sont des mesures socialement difficiles à prendre. Je ne vous raconte même pas le scénario précédent avec une révolution dans un pays…

Conclusion ? Wait & See. On croise les doigts, on espère que les annonces restaureront la confiance et surtout, surtout, on s’attaque en profondeur à une réforme des marchés financiers internationaux !