Entretien avec le Président de la République !

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Dans un entretien à  paraâtre demain dans le Figaro, le chef de l’Etat revient sur les polémiques récentes.

La majorité traverse une zone de turbulences. Que pensez-vous de cette détérioration du climat politique ?
Il n’est pas interdit de prendre un peu de recul. Je suis aujourd’hui à  mi-mandat. Je vous invite à  comparer la situation politique dans laquelle nous nous trouvons avec celle de mes prédécesseurs au màªme moment. En 1967, deux ans aprà¨s la réélection du général de Gaulle, la majorité de l’époque ne l’emporte que d’un sià¨ge aux législatives. L’année suivante, ce sont les événements de Mai 1968. Deux ans aprà¨s l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, en 1976, il rompt avec son premier ministre Jacques Chirac. Son septennat ne s’en remettra pas. En 1983, deux ans aprà¨s l’élection de Franà§ois Mitterrand, c’est le tournant de la rigueur, qui se solde par l’échec de la majorité socialiste, trois ans plus tard. Deux ans aprà¨s l’élection de Jacques Chirac en 1995, c’est la désastreuse dissolution. Deux aprà¨s son élection de 2002, 20 régions sur 22 sont perdues par la majorité. La situation de l’actuelle majorité est bien différente puisqu’elle vient de gagner les élections européennes. Le front social est apaisé malgré une crise économique sans précédent. Quant aux élections partielles qui sont traditionnellement mauvaises pour le gouvernement en place, nous en avons gagné l’immense majorité et notre candidat David Douillet a fait 45 % au premier tour dimanche dernier. J’en tire la conclusion qu’il ne faut pas confondre le climat du milieu médiatique, qui est par construction politisé et agité avec la réalité de la société franà§aise qui attend du gouvernement qu’il apporte des solutions concrà¨tes aux problà¨mes des Franà§ais : le chà´mage, la sécurité, l’éducation de leurs enfants, le pouvoir d’achat.
Depuis trois jours la polémique monte, y compris au sein de la majorité, sur la future élection de votre fils Jean à  la tàªte de l’Epad. Que répondez-vous à  ceux qui vous accusent de «népotisme» ?
Il y a 45 conseillers généraux dans le département des Hauts-de-Seine, élus par le suffrage universel. Ils ont tous le droit de postuler à  un poste d’administrateur à  l’Epad. Sauf un ! Et pourquoi ne peut-il pas ? Parce qu’il est mon fils. La présidence de l’Epad, est un poste non rémunéré. Il ne s’agit donc pas d’une prébende. C’est une élection, il ne s’agit donc pas de népotisme. A travers cette polémique, qui est visé ? Ce n’est pas mon fils. C’est moi. Ceux qui ne se sont jamais faits à  mon élection et qui n’ont rien à  dire sur le fond essayent d’attaquer sur tous les sujets avec une mauvaise foi et une méchanceté qui ne trompera pas les Franà§ais.
Vous avez été élu sur un certain nombre de valeurs : le travail, le mérite, la République irréprochable. Votre fils n’est-il pas, à  23 ans, trop jeune pour accéder à  cette responsabilité ?
Y a-t-il un à¢ge pour àªtre compétent ? Je souhaite le rajeunissement de nos élites politiques qui ont bien vieilli. J’ai été le premier surpris lorsque Jean a voulu se lancer en politique. Mais il m’a impressionné par sa ténacité, il travaille énormément et fait face avec beaucoup de courage à  la dureté et à  la brutalité des attaques. J’ajoute qu’il faut avoir 21 ans pour àªtre candidat à  l’élection cantonale. Il a réussi. Une fois élu il n’a pas plus de droit qu’un autre mais pas moins non plus.
A vos yeux, l’affaire Frédéric Mitterrand est-elle désormais close ?
Je suis président de la République. Je dois défendre certaines valeurs. Je ne laisserai donc personne assimiler homosexualité et pédophilie. C’est un retour au Moyen-Age qui fait honte à  ceux qui ont employé cet argument. Quand je vois le porte-parole du PS, emboâter le pas à  Marine Le Pen et avec quel enthousiasme ! Je me demande où sont passées les valeurs humanistes de ce grand parti républicain. Frédéric Mitterrand n’a jamais fait l’apologie du tourisme sexuel et il l’a màªme condamné en termes trà¨s forts. Il ne faut pas confondre confessions intimes avec prosélytisme. Le livre est intitulé La Mauvaise Vie, c’est assez clair.
Mais Frédéric Mitterrand n’en a-t-il pas trop fait ?
Frédéric Mitterrand a reconnu que sa déclaration était une erreur et a dit qu’il la regrettait. Je ne saurais mieux dire. Je comprends que l’on soit choqué par la gravité des accusations contre Roman Polanski. Mais j’ajoute que ce n’est pas une bonne administration de la justice que de se prononcer 32 ans aprà¨s les faits alors que l’intéressé a aujourd’hui 76 ans.
Depuis deux ans et demi on a tout dit sur vos relations avec Franà§ois Fillon. Vous avez dit vous-màªme qu’à  mi-mandat, la question d’un changement de premier ministre se poserait. Où en àªtes-vous de votre réflexion ?
Il est normal qu’on m’interroge sur mes relations avec le Premier ministre. C’est un grand classique de la vie politique depuis le début de la Ve République. Franà§ois Fillon et moi nous travaillons main dans la main. Ni lui ni moi ne nous reconnaissons dans les commentaires qui sont faits sur nos relations. Il est partie prenante à  toutes les décisions. J’ai confiance en lui. Nous sommes complémentaires. Pourquoi voudriez-vous que je prenne une initiative politique, voire politicienne, qui viendrait compliquer le travail de modernisation de la France qui est déjà  bien assez complexe et sur lequel je ne céderai pas.
Regrettez-vous le forfait de plusieurs ministres pour les régionales de mars ?
Un ministre, et un seul, a déclaré forfait, et je l’ai regretté. Il s’agit d’Hubert Falco. Brice Hortefeux et Roselyne Bachelot, je leur ai demandé de ne pas àªtre tàªte de liste. J’ai souhaité que le ministre de l’Intérieur se consacre à  100 % à  la politique de sécurité, je le dois aux Franà§ais. Je ne céderai pas un millimà¨tre de terrain sur la question de la sécurité qui est ma priorité. J’ai en outre demandé à  Brice Hortefeux de relancer avec beaucoup d’énergie la lutte contre la délinquance routià¨re. Les assassins de la route seront réprimés avec une grande sévérité. Quant à  Roselyne Bachelot, c’est une excellente ministre de la Santé et son engagement se devait d’àªtre total face au risque de pandémie de grippe H1N1. Elle ne pouvait àªtre candidate.
Souhaitez-vous poursuivre l’ouverture ?
Autant il convient de se méfier de la cohabitation ou des coalitions, qui favorisent les manÅ?uvres d’appareil et le systà¨me des partis, autant je crois plus que jamais à  l’ouverture. Les ministres d’ouverture font un travail formidable. Ils démontrent chaque jour que les compétences et les talents n’appartiennent pas à  un seul camp. Le sectarisme est un défaut rédhibitoire. Chaque jour j’essaye de demeurer ouvert aux idées comme aux autres c’est mon devoir.
«Je partage l’idée de Martin Hirsch de valoriser et de récompenser ceux qui font plus que leur devoir.»
Que pensez-vous du débat sur «la cagnotte scolaire», qui choque à  gauche comme à  droite ?
Je veux dire ma grande réticence à  envisager une récompense financià¨re pour les élà¨ves qui renonceraient à  l’absentéisme. Je ne peux accepter qu’on puisse récompenser des élà¨ves simplement parce qu’ils vont à  l’école. En revanche je partage l’idée de Martin Hirsch de valoriser et de récompenser ceux qui font plus que leur devoir. Le mérite doit àªtre encouragé, le non respect de la rà¨gle doit àªtre sanctionné.
Jean-Pierre Raffarin propose une évolution vers un régime présidentiel avec raccourcissement à  quatre ans du mandat présidentiel, suppression du droit de dissolution. Etes-vous d’accord avec cette idée ?
Ici aussi le débat ne me choque pas mais quatre ans, ce serait une erreur car en réalité, il n’y aurait que deux années utiles, la premià¨re année étant consacrée à  l’installation et la quatrià¨me à  la campagne. Par ailleurs, je ne suis pas favorable à  la suppression du poste de Premier ministre. On n’est pas trop de deux pour assumer la responsabilité d’un pays de 65 millions d’habitants. Quant à  la suppression du droit de dissolution, ce serait tourner le dos à  la Ve République.
Regrettez-vous d’avoir commenté l’affaire Clearstream et l’emploi du mot «coupables», lors de votre dernià¨re interview télévisée ?
Ce que je voulais, c’est que la vérité éclate. Elle est en train d’éclater. Le mieux à  faire est de laisser se dérouler ce procà¨s, de faire confiance à  la justice et de s’abstenir de tout commentaire. J’aurais été mieux inspiré de le faire dà¨s le début.
Faut-il durcir la loi sur les multirécidivistes ?
Il est profondément anormal qu’on laisse sortir de prison des malades sans leur imposer des rà¨gles trà¨s strictes au premier rang desquels un traitement médical. J’ai demandé que passe au Parlement, dà¨s le mois de novembre, le texte sur les délinquants sexuels. Un criminel sexuel ne devra sortir de prison qu’aprà¨s exécution de sa peine, c’est bien le moins, et aprà¨s s’àªtre engagé à  suivre un traitement chimique qui contiendra sa libido.
La fermeture de la jungle de Calais a été difficile. Que vous inspire l’évolution des questions d’immigration en France ?
Eric Besson a eu raison d’àªtre déterminé. Cette situation de non droit était intolérable. Il nous reste encore une question à  traiter, celle des deux ordres de juridiction administrative et judiciaire – qui ont à  se prononcer sur la rétention des étrangers en situation irrégulià¨re. A mes yeux, il n’en faut qu’un. Et s’il faut une réforme de la Constitution pour cela, nous la ferons.
Vous àªtes à  mi-mandat. Serez-vous à  nouveau candidat en 2012 ?
C’est une question qui se posera dans le courant de l’année 2011 pas avant. Je veux faire de mon mandat cinq années utiles pour la France. J’ai à  mes cà´tés un trà¨s bon premier ministre, un gouvernement qui fait preuve d’une grande solidarité et un parti majoritaire qui a atteint un niveau que nous n’aurions jamais imaginé, alors qu’autrefois on regardait la CDU allemande comme un géant. Je suis déterminé à  me battre contre toutes les forces de l’immobilisme et de la réaction. Je veux une France compétitive, juste, moderne, de plain pied dans le XXI à¨me sià¨cle. Pour la suite, en conscience, je ne suis pas encore pràªt à  répondre. Et croyez bien que cette réponse est sincà¨re.
L’économie montre quelques signes encourageants. Sommes-nous en train de sortir de la crise ?
L’année dernià¨re à  la màªme époque, on nous prophétisait la violence dans les banlieues, l’explosion sociale et la paralysie Outre-mer. Un an aprà¨s ? La France doit revoir ses prévisions de croissance à  la hausse parce qu’elles étaient trop pessimistes. La France est, de tous les pays industrialisés, celui qui a le moins souffert de la crise. Nous aurons cette année une récession de l’ordre de 2 % alors que nous avions prévu 3 % et les signes de reprise sont plus marqués que partout ailleurs en Europe, comme en témoigne la hausse de 1,8 % de la production industrielle au mois d’aoà»t. Le gouvernement a géré au mieux cette crise sans précédent. Nous avons mis en Å?uvre un plan bancaire, un plan auto, un plan de relance qui ont été imités dans le monde entierâ?¦ Cette stratégie porte ses fruits : les résultats sont là  mais on ne sera sorti de la crise que quand le chà´mage diminuera.
Mais les déficits se creusent et la dette s’envole dans des proportions dangereusesâ?¦
D’abord, avec un déficit de 8,2 % du PIB en 2009, la France fera mieux en valeur relative que les autres pays. Ensuite, ceux qui crient le plus fort sont ceux qui ont laissé déraper les déficits pendant des années et qui, curieux paradoxe, critiquaient notre plan de relance jugé trop timide. Avec la crise, la France a perdu 57 milliards d’euros de recettes, ce qui explique la dégradation des comptes publics. Nous sommes maintenant sortis de la dépression, mais si l’on relà¢che nos efforts, l’économie risque de rechuter et la situation des comptes sera pire. Le G20 a d’ailleurs été unanime sur ce point : il faut soutenir la croissance. Voici la priorité. C’est ainsi que nous combattrons les déficits. Par ailleurs nous continuerons de réduire les dépenses publiques courantes. Je rappelle que nous avons diminué de 100 000 le nombre de fonctionnaires, dont le coà»t représente prà¨s de la moitié du budget de la France. Alors que la France avait créé un million d’emplois publics depuis 1992. Qui pourrait imaginer qu’on puisse continuer ainsi ?
Màªme en cas de retour de la croissance, la France ne devra-t-elle pas, tà´t ou tard, se résoudre à  augmenter les impà´ts pour combler ses déficits ?
Je n’ai pas été élu pour augmenter les impà´ts et je ne les augmenterai donc pas. Nous avons fait ce choix déterminé pour rompre avec une politique menée depuis vingt ans et qui a conduit à  détruire des emplois en handicapant la compétitivité de notre économie. Je ne toucherai pas au bouclier fiscal car je crois au principe selon lequel on ne peut prendre à  quelqu’un plus de la moitié de ce qu’il gagne. Si on laisse passer une exception, comme par exemple la CSG, ce n’est plus un bouclier. S’agissant des niches fiscales, nous verrons au cas par cas. Certaines peuvent àªtre modifiées. Dans l’immobilier, par exemple, il n’y aura plus d’avantage fiscal si l’immeuble concerné n’est pas labellisé basse consommation.
Une majorité de Franà§ais continue de s’inquiéter de l’instauration de la taxe carboneâ?¦
Les Franà§ais ont compris que l’environnement pà¨se sur la santé publique, c’est donc une priorité pour notre avenir. Il y a urgence à  agir pour modifier nos comportements : produire propre et consommer propre. Cette taxe sera intégralement remboursée aux ménages à  l’euro prà¨s dà¨s février prochain. Pourquoi la France sera-t-elle écoutée à  Copenhague ? Parce qu’elle a été à  l’initiative. Nous allons entraâner le monde entier à  prendre des engagements pour protéger l’avenir de la planà¨te. Par ailleurs, nous obtiendrons la taxe carbone aux frontià¨res de l’Europe. Ainsi, enfin, les importations financeront notre modà¨le social.
La suppression de la taxe professionnelle suscite un tollé dans les collectivités locales, qui craignent de perdre des ressources financià¨resâ?¦
La taxe professionnelle était dénoncée de toutes parts comme un «impà´t imbécile», qui taxait les investissements des entreprises. Cela a conduit à  des délocalisations désastreuses, qui ont ravagé nos régions. La France doit rester une terre de production et d’industrie. Nous devons garder, préserver, défendre nos emplois. Pour cela, il faut supprimer la taxe professionnelle qui n’existe nulle part ailleurs en Europe. C’est une réforme difficile, qui suscite des inquiétudes dans les collectivités, mais elle est nécessaire. Une négociation s’est engagée avec les élus et je suis sà»r que nous allons trouver des solutions. Mais, au màªme titre que l’Etat diminue ses effectifs, il va falloir que les collectivités corrigent des mauvaises habitudes : l’an dernier, leurs effectifs ont augmenté de 36 000 personnes, alors qu’aucun domaine de compétence nouveau ne leur a été transféré.
Le déficit de la Sécurité sociale atteindra 30 milliards d’euros l’an prochain. Comment le résorber ?
Ce déficit est imputable pour les trois quarts à  la baisse conjoncturelle des recettes liées à  la crise, la réponse est donc dans le retour de la croissance. Par ailleurs, nous avons pris des mesures d’économies supplémentaires comme la hausse du forfait hospitalier de 16 à  18 euros. Je note que la plupart de ces mesures ont été proposées au gouvernement par les conseils des caisses gérant les différents régimes c’est-à -dire les partenaires sociaux. Ainsi, ils font preuve d’un grand sens des responsabilités.
Allez-vous modifier le régime des retraites comme vous l’aviez promis ? Seriez-vous pràªt à  revenir sur la retraite à  60 ans ?
Nous ouvrirons le débat sans aucun tabou, je dis bien sans aucun tabou. Il sera lancé en 2010 et nous prendrons les décisions à  la fin 2010. Je ne souhaite pas prendre position avant ce grand rendez-vous, où chacun s’exprimera sans aucune idée préconà§ue. Mais je dis aux Franà§ais que je n’éluderai pas mes responsabilités. Je garantirai la pérennité de notre modà¨le social.
Pourquoi ne pas privatiser, comme s’appràªte à  le faire la Grande-Bretagne ?
Puisque vous parlez de la Grande-Bretagne, vous noterez que son budget était excédentaire lorsque j’ai été élu, alors que le nà´tre était en déficit d’un peu moins de 3 % du PIB ; elle est aujourd’hui dans le rouge à  plus de 10 % et nous de 8 %. Nous n’avons donc pas à  rougir de notre situation. Nous ne nous interdisons rien en matià¨re de privatisation, mais ce n’est pas à  l’ordre du jour et ce ne serait par exemple certainement pas le meilleur moment pour vendre une partie de nos actions dans Renaultâ?¦
Sur les banques, vous avez été particulià¨rement dur ces derniers mois. Etes-vous aujourd’hui satisfait de leur comportement ?
Les banques ont répondu à  nos attentes et deviennent exemplaires. Elles ferment leurs filiales dans les paradis fiscaux et le dispositif retenu par la France pour encadrer les bonus des traders s’est imposé au reste du monde lors du G20. L’aide que leur a fournie l’Etat a été profitable pour les contribuables. Les banques auront à  la fin du mois remboursé 13 milliards sur les 20 que nous avions engagés. Au jour d’aujourd’hui cela a rapporté au budget de l’à?tat 716 millions d’euros. Comme elle semble dépassée la polémique sur l’argent prétendu donné aux banques !
Qu’attendez-vous du grand emprunt ?
Un pays en crise a tendance à  se replier sur lui-màªme. La France, qui sacrifie depuis trop longtemps l’investissement au profit des dépenses de fonctionnement, a besoin de projets porteurs d’avenir. Il nous faut avoir les meilleures universités du monde : encore faut-il leur donner les fonds propres nécessaires pour attirer les meilleurs. Màªme chose pour les PME. Seulement 400 indépendantes sont exportatrices, faute de fonds propres suffisants. Il faut impérativement y remédier. Par ailleurs, pourquoi ne pas mettre en Å?uvre un grand programme sur les énergies renouvelables, à  l’image de celui qui a fait le succà¨s du nucléaire franà§ais ? Pourquoi ne pas lancer un grand programme de recherche sur la dégénérescence des cellules, à  l’origine de maladies comme le cancer, le sida ou Alzheimer, en associant public et privé ? Pourquoi, alors que les Chinois préparent des concurrents d’Airbus, ne pas travailler sur l’avion du futur ? C’est tout l’objet des réflexions autour de cet emprunt et j’attends beaucoup des travaux de la Commission Juppé-Rocard.
Quelles seront les modalités de l’emprunt ? Ferez-vous appel aux particuliers ?
Les modalités sont secondaires. Seuls comptera l’utilisation que nous en ferons pour préparer l’avenir.
Quelles réponses apportées aprà¨s les vingt-cinq suicides qu’a connus France Télécom depuis deux ans ?
Il ne faut pas exploiter ces drames humains douloureux. Mais ils viennent rappeler que le travail des salariés doit àªtre placé au-dessus du reste. Ils doivent évoluer dans un environnement de qualité et recueillir le fruit de leurs efforts à  travers le salaire, l’intéressement et la participation. Trop longtemps, la vie des entreprises a tourné autour du cours de Bourse et du court terme, au détriment des conditions de travail et des relations sociales. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu en finir avec les bonus excessifs des traders. Des salariés heureux au travail sont un élément de la compétitivité d’une entreprise. On a trop privilégié dans certaines entreprises l’avis des analystes financiers et ainsi on a oublié la qualité des relations sociales. La moralisation du capitalisme doit nous amener à  changer cette détestable habitude.
Les agriculteurs organisent une grande manifestation ce-jour, en raison de la baisse de leur revenu ? Quelles réponses comptez-vous apporter aux difficultés répétées que traverse ce secteur ?
L’agriculture et la ruralité sont deux éléments de notre identité nationale. A ce titre ils doivent àªtre au cÅ?ur des préoccupations du Chef de l’à?tat. J’ajoute que l’agriculture est un élément décisif de notre compétitivité économique. Je n’accepterai jamais que l’agriculture franà§aise, comme européenne, soit sacrifiée sur l’autel d’une mondialisation anarchique. On a vu où a failli nous conduire la dérégulation de la finance. Il nous faut porter une nouvelle régulation agricole qui considérera les agriculteurs comme des entrepreneurs, qui ne craindra pas la préférence communautaire et qui assurera la sécurité alimentaire des consommateurs européens, et qui enfin garantira aux agriculteurs un juste prix de leur travail. La France sera au premier rang de ce combat. Avant la fin du mois, je prendrai des initiatives fortes sur l’ensemble de ces sujets.
Les Etats-Unis s’appràªtent à  envoyer 13 000 hommes supplémentaires en Afghanistan. La France doit-elle aussi renforcer son contingent sur place ?
Faut-il rester en Afghanistan ? Je réponds oui. Et rester pour gagner. Pas contre l’Afghanistan, mais pour l’Afghanistan. Si nous partons, c’est le Pakistan, puissance nucléaire, qui sera menacé. Mais la France n’enverra pas un soldat de plus. Ma conviction, c’est qu’il faut davantage de soldats afghans. Ce sont eux qui seront les plus efficaces pour gagner cette guerre, parce que c’est leur pays. Mais il faut les payer davantage afin d’éviter des désertions au bénéfice des Talibans.
Si l’Iran n’accepte pas de coopérer avec l’AIEA avant la date limite de décembre que vous avez fixée, quelles sanctions faudra-t-il prendre ?
Attendons les contrà´les de l’AIEA. L’Iran et ses dirigeants sont maintenant au pied du mur. Ce serait une bonne nouvelle qu’ils laissent ces contrà´les s’effectuer jusqu’au bout. Sinon, ils auraient à  en assumer toutes les conséquences. Et je me félicite en ce sens des déclarations récentes du président russe Medvedev.
Comment jugez-vous le refus du président tchà¨que Vaclav Klaus de signer le traité de Lisbonne ?
Ce refus est d’autant plus inadmissible que le Parlement tchà¨que a voté en faveur du traité et que le gouvernement tchà¨que est favorable à  sa ratification. Mais le président tchà¨que ne pourra pas jouer sur les deux tableaux. L’heure du choix arrive pour lui et il ne sera pas sans conséquence. En tout état de cause, cette question sera réglée à  la fin de l’année.
Une fois Lisbonne ratifié, Tony Blair peut-il àªtre un bon candidat à  la présidence de l’Union européenne ?
Il est trop tà´t pour le dire. Il y aura un débat. Nous sommes en présence de deux thà¨ses : faut-il un président fort et charismatique ou un président qui facilite la recherche du consensus et qui organise le travail ? Personnellement, je crois en une Europe forte politiquement et incarnée. Mais le fait que la Grande-Bretagne ne soit pas dans l’euro reste un problà¨me.